samedi 16 septembre 2017

Le manuscrit de Coucy le Château

Posé devant ma porte, par une main anonyme et mystérieuse, j'ai eu la surprise de trouver un rouleau de papier de couleur crème, entouré d’une cordelette de chanvre. Etonnée, je m’empare de ce document, dénoue le lien, le déplie. 

Sur ce manuscrit,  d’une belle écriture penchée,  je repère une devise : « Roy, ni prince ne suy,  Ni duc, ni comte aussy, Je suis le sire de Coucy ». Oh, que cela est étrange !

Une fois le manuscrit  complétement déroulé, consigne m’est donnée de me rendre au bailliage de Coucy  le 1er janvier 1722  - pour mon prochain RDVAncestral -  afin de découvrir des énigmes liées à mes ancêtres.
 
Point de département de l'Aisne en ce temps-là, puisque le Roi Louis XV régnait sur les sujets du Royaume de France.
 
En route donc pour Coucy le Château, où sur un éperon rocheux fût édifiée au 13ème siècle, une fière forteresse, dont les remparts pouvaient concurrencer d'autres citadelles de l’Occident médiéval. Au 14ème siècle, Enguerrand VII de Coucy, grand diplomate, fît du château un somptueux palais. Mais la Fronde était  passée par là, Mazarin ordonnât  le démantèlement de la forteresse et son abandon.
 
Coucy le Château - Delcampe
Sur le manuscrit, consigne m’est donnée d’entrer dans la petite cité  par la Porte de Laon,  flanquée à l’extérieur de deux grosses tours avec à l’étage une grande salle. Consigne m’est donnée de bien regarder à main droite pour trouver le premier billet glissé dans un interstice du rempart.

Effectivement après avoir un peu tâtonné, entre les pierres est glissé un papier plié en quatre. Instruction m’est faite de me diriger vers le cimetière, car Jean MARLOT mon ancêtre assiste à l'inhumation de son épouse Jeanne COLLECTE qui vient de s’éteindre à  l'âge de 53 ans.

Je me faufile, m’égare un peu entre les places irrégulières, les rues généralement étroites, tortueuses et mal pavées, avec des maisons basses de peu d’apparence.

La cérémonie vient de s'achever apparemment lorsque je pénètre dans l'enceinte du lieu du dernier repos. Je croise trois personnes pressées de rentrer chez elles, plus loin un homme est entouré  de proches qui finissent de lui présenter leurs condoléances. Cette silhouette, avec encore une cape jetée sur les épaules,  me laisse une impression de déjà vu. 

Je n'ose pas m'approcher, ce Jean MARLOT est-il le même que celui qui est l'époux d'Antoinette CHARLET ?
 
La dernière consigne du billet est de repérer une pierre tombale à proximité (et non une simple croix en bois) pour trouver un autre billet qui me guidera vers un autre lieu, un autre jour. Là je suis perplexe, je peine, la lumière baisse, Jean MARLOT part à son tour. De quoi j’ai l’air à errer dans un cimetière un jour d’hiver, qui plus est un premier janvier !
 
S’obstiner, surtout en généalogie, enfin sous un gros caillou à côté d’une pierre tombale : je déniche un autre billet, toujours plié en quatre. Consigne m’est donnée, de me rendre juste à côté, à l’église Saint-Sauveur de Coucy le Château le 17 février de la même année, soit 6 semaines plus tard,  pour un mariage cette fois !
 
Et magie d’un rendez-vous avec ses ancêtres, je suis aussitôt propulsée dans l’église voisine, le jour prévu, à la bonne heure.

Rapide coup d’œil au portail de la seconde moitié du 12ème siècle, qui se comporte d’un petit porche en saillie, décoré de trois rangs de colonnettes, supportant un nombre égal de torses, dont seule la première présente des sculptures.
Coucy le Château - Delcampe
Il me faut un moment pour m’habituer à la faible lumière de la nef, mais je suis arrivée à temps pour la bénédiction nuptiale de Jean MARLOT (mon SOSA 820) et Antoinette CHARLET (mon SOSA 821) et entendre le prêtre égrener les qualités des mariés. Comme souvent en cas de remariage, le prêtre ne mentionne pas la filiation de l'époux : Jean  est dit veuf et point final.

Mais je découvre qu'Antoinette est la fille de feu Jean Baptiste CHARLET et de défunte Anne BOUDERLINE, et vient de la paroisse Saint-Martin de Chauny.

Tout cela a été rondement mené, veuf éploré que nenni !

Ils se sont donc unis à Coucy mes deux tourtereaux, parents de Jean-Baptiste ! Antoinette a environ la trentaine, Jean un peu plus a priori, et certainement pas la cinquantaine comme sa première épouse.

Vais-je suivre le cortège jusqu'à leur domicile pour repérer leur maison ? Leur fils Jean-Baptiste a-t-il été baptisé aussi dans l’église Saint-Sauveur ? Et là puisque je suis dans une autre époque puis-je consulter le registre du prêtre dans la sacristie ou le lieu de dépôt ?
 
Réfléchie un peu pauvre distraite et impatiente si tu vas formuler cette demande auprès du prêtre,  il va te prendre pour une dérangée. Il vient tout juste de célébrer le mariage, il n'y a pas eu mention d'une reconnaissance d'enfant. Antoinette et Jean n'ont pas forcément fêté Pâques avant les Rameaux.

A tout hasard je me dirige vers la cuve baptismale et s'il y avait autour de celle-ci un autre billet sur un banc ou près d'un cierge ..... je tourne, je vire ; ce coin de l'église est très sombre.

Je sais que les fonts baptismaux romans du 11ème siècle,  sont remarquables et sculptés dans du marbre noir veiné de bleu. Je n’arrive pas à déceler les sculptures finement ciselées représentant des motifs végétaux des petits animaux, des petits personnages et de jolis visages.

Cependant, à main gauche, dans un missel oublié, dépasse un troisième billet plié en quatre comme les précédents : avec noté « même lieu le 11 janvier 1724 pour le baptême de Jean-Baptiste MARLOT». J'embrasse le billet.

Et là un peu plus de lumière,  puisque c’est un autre jour. Je vois la tante et marraine Reine CHARLET, demi-soeur de la maman, tenant avec précaution le nouveau-né et lui souriant, et Jean MARLOT le père très ému et tellement fier d'avoir enfin un héritier.

1722, 1724, 2017; enchaînement rêvé, cher à mon cœur, maillons dans la chaîne des générations.


Enchaînement qui complète une précédente rencontre dans le village de Barisis aux Bois où la petite famille s'est installée et qui est évoquée ici


Sources
AD 02 Coucy le Château-Auffrique BMS 1716-1735 vues 63, 65 et 92 
 

4 commentaires:

  1. J’aime beaucoup la « magie d’un rendez-vous avec ses ancêtres » que tu distilles tout au long de ce génial jeu de piste dans lequel nous entraîne ce récit fort réussi.

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  2. Bonjour,
    Je n'ai pas mis longtemps à me rendre sur votre site. Il est tout aussi charmant que celui de Marie. Vous avez toutes les deux beaucoup de talent.

    C'est à Coucy le Chateau que mes AGP avaient acheté l'hotel des Ruines, justement il se situait à la Porte de Laon.

    A bientôt

    Véronique

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    1. Merci pour le sympathique commentaire.
      Et quelle coïncidence pour Coucy !
      Etrange ...

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  3. Mieux vaut tard que jamais... c'est aujourd'hui, en juillet 2020, que je découvre le manuscrit de Coucy

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